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29/03/2008

[Interview] D3CCPT, trois garçons dans le vent...

D3CCPT, alias Detroit Concept, c'est un peu le vilain petit canard dans le rap français: ils posent parfois en anglais, choisissent des beats loin d'être évidents dans l'hexagone, écrivent des egotrips quand tout le monde veut faire du rap conscient, et surtout, n'ont pas la langue de bois. Suite à leur excellent maxi featuring Guilty Simpson, c'est avec un plaisir non-feint que nous avons reçu deux membres du crew, Kwame et Gea, pour une interview particulièrement croustillante. Turn it up!


STEREOTREE: Tout d'abord, une question bateau, D3CCPT, qu'est ce que c'est concrètement? Un groupe, un crew, un projet hommage? Et pourquoi ce changement de nom (Detroit concept devenu D3CCPT)?

KWAME: D3CCPT c'est d'abord un projet, que l'on a mis en chantier de manière collective et spontanée , il regroupe donc 3 mc's a savoir Emer Gea , Vestat et moi même. Mais aussi et surtout des Beatmakers que sont Tayreeb, Kap10 Zebon et Gea qui fait aussi de la prod. Detroit Concept c'etait d'abord une mixtape qui nous permettait à la fois de mettre en avant des beatmakers talentueux fortement inspirés par le son de Detroit qui n'avaient pas la possibilité de s'exposer et par la même occasion de mettre en lumière cette vibe plus que minoritaire dans notre chère contrée. On savait que le décès de Dilla donnerait au projet un parfum d'opportunisme mais bon il est mort et en meme temps la scène de Detroit ne se résume pas qu'a lui , bien qu'il en a été le meilleur représentant ! En France , nous savions qu'il y a des aficionados mai on les trouvait pas très actif. Le son de Detroit a fait des émules partout a travers le monde , on voulait apporter notre contribution et notre vision de cette musique avec notre propre sensibilité tout en se rapprochant le plus possible de la couleur sonore de Detroit, electro ou boom-bap. Nous avons opté pour D3CCPT d'abord parce que le nom Detroit Concept prêtait à confusion, les auditeurs etrangers pensaient que nous étions de la bas , les français trouvaient le nom un poil présomptueux. En pensant a l'album je me suis aperçu que de toute manière le nom n'etait pas visuel , il fallait trouver au tre chose alors j'ai pensé aux initiales qui seraient parfaites pour un logo.

GEA: Au départ on s'appelait Detroit Concept, mais vu que les francais sont pour la plupart des canards, ils se sont focus sur ca et s'attendaient à de la replique de Jaydee et les autres. Hors, concept veut bien dire concept, c'est à dire une "idée" et dans ce cas precis on parle bien de l'inspiration de Detroit, on suce pas des bites, alors je pense que le "Detroit Concept tape" pue vraiment la sale ordeur de Detroit mais avec sa pollution terrestre, c'est à dire nos background que l'on a ajoutés à la sauce. Donc nous sommes un collectif de 3 Mc's avec 3 Univers plutot differents dans le fond mais très ressemblant pour la forme de l'art, on se nourrit les uns les autres quotidiennement. Ce qui donne un crew, un collectif, une famille à la fin.
Et c'est evident que l'hommage est pour ce son qui pour moi ma redonné un coup de pouce car faut bien le dire putain de merde que la france est conne et ne respecte pas ce qui lui a fait tant de bien! Et pour moi le son de Detroit est la progression naturelle de ce que NY aurait du être à l'heure où tu me poses la question, mais çà c'est autre debat...

concernant le changement de nom, je viens de te répondre, tu écoutes pas ou quoi merde (rires), la France c'est un lac où les canards se la racontent, et ou il n'y a que des haineux pas content que tu fasses un truc positif et innovant et en plus je crois que les mecs me jalousent, je suis très puissant au MIC, ca pèse à force!!! (rires). Donc comme çà, çà fait genre "hummm" çà fait genre réfléchir la street et les bourges. Ca fait un peu l'ancienne Russie, U.R.S.S... haaa!!! (rires). Le gars qui a bedav, il va se prendre la tête toute la nuit sur çà, et la goe qui parle trop, tu as juste à lui dire "attends un peu explique moi pourquoi "D3CCPT", s'il te plaît" ... Le frère est tranquille pour un moment, elle va se prendre la tête facile! (éclats de rires)

STEREOTREE: Le maxi sorti tout récemment, montre clairement une évolution depuis la street tape sortie en cours d'année. Que ce soit dans les beats ou les flows, on sent clairement un passage au niveau supérieur, notamment une certaine décomplexion que ce soit dans la thématique via "Psycho" feat. Guilty Simpson ou dans la vibe via "Feel The Funk" qui possède une ambiance proche de Sa-Ra (qui pour le coup vous éloigne de Detroit musicalement). Dans quel état d'esprit avez vous aborder ce maxi et d'où vient cette "décomplexion"?
KWAME: On a abordé ce maxi dans une optique internationale, c'était notre objectif majeur et pour y arriver il nous a fallu être beaucoup plus exigeant en ce qui concerne le choix des prods et prendre de ce fait , une direction plus electro. En essayant de dealer mon album , je me suis aperçu que le boom bap ne correspondait plus aux attentes des labels étrangers (en particulier au Japon et en Angleterre qui sont les deux plus gros marchés mondiaux en terme de consommation de vynils). J'ai fait part de cette réalité à Gea et Vestat et ils ont accepté cette nouvelle direction artistique même si cela n'a pas été facile pour eux, sachant que ce n'est pas du tout leur vibe de prédilection.En ce qui concerne cette absence de complexe , on s'est aperçu que pour la tape, nous nous étions mis beaucoup de pression , on cherchait a faire compliqué, de trouver des sujets plus sérieux systématiquement et au final on a perdu beaucoup de temps pour enregistrer. Nous voulions pour ce maxi et l'album, corriger le tir et faire des titres plus "légers" et le résultat s'est fait ressentir très vite, perso ça m'a permis de lâcher les flows, de me prendre vraiment moins au sérieux et de prendre du plaisir. Pour le track avec Guilty, nous voulions nous confronter a l'un des meilleurs mc's, nous voulions relever le challenge et avoir le "banger" qui nous permettrait de nous faire connaître et de créer l'attente pour l'album, tout etait une question de stratégie, Guilty a un buzz monstrueux, la prod electro de Tayreeb collait parfaitement a son style de flow, et nous savions qu'elle ferait mouche.On voulait prouver que rien n'est impossible ,on peut rivaliser et rapper dans une langue qui n'est pas la notre avec l'un des tous meilleurs. Clairement on ne s'est fixé aucune limite . Pour "Feel The Funk" , je n'ai pas eu l'impression de nous éloigner musicalement de Detroit, la prod est réminiscente de Sa-Ra mais tout le monde sait qu'eux-même sont ouvertement influencés par le son de Dilla.

GEA: Tu as bien cerné l'état d'esprit, c'est vrai qu'il fallait progresser et non stagner, quand il s'agit d'être a la pointe de l'information hype et vibe du moment dans le Hip Hop underground, Kwame est le meilleur, il s'informe alors que moi, je m'en bat en fait, j'aime être le dernier au courant des news. D'ailleurs c'est lui qui me tient au courant!! (rires)
Donc en fait, la progression naturelle du son en général est electro, et c'est aussi le cas pour le hip hop, je n'étais pas chaud au début car je comprenais pas. Il a fallu que je m'adapte, mais au final je suis très fier de cette direction, bon flair de Kwame car, nous aujourd'hui, le groupe international avant-gardiste de l'année c'est nous, et on n'est pas cainri, enfin si mais bon...
Donc, tu me dis un passage supérieur, je suis presque pas d'accord avec çà car la tape Detroit Concept a un niveau très élevé, mais plus sombre je te l'accorde, la musique évolue et on a fait de même... La décomplexion en fait, çà a toujours été mon style, ca s'entend dans la tape, ceci est évident... Merci (rires). On se nourrit mutuellement des atouts des uns des autres et quand tu réfléchis, les textes à thèmes, c'est bien français, l'écriture à la Moliere et le reste. Et faut bien le dire, ...c'est relou pour faire des bangers, des hits on se voyait pas faire des sons en parlant des SDF ou de l'injustice en France sur un beat de ouf, les gens n'ont pas envie de réfléchir un verre à la main, faut pas déconner quand même! Donc voilà, kiffons ce son juste pour ce qu'il est: "good vibes"...

STEREOTREE: Tu nous parles d'un album, nous réservez-vous d'autres invités de marque à l'instar de Guilty Simpson? On a déjà pu voir Black Milk sur les teasers vidéos... Et y aura t'il des français sur le projet?

GEA: Ouais, des français, mais certains se sont chié dessus a l'écoute des prods donc voilà, les cainris n'hésitent pas car dans leurs têtes ils défoncent, donc ça s'entend quand ils posent. Tu sais, c'est tout ce qui nous manque à nous les français: la confiance, l'arrogance aussi, pas la mauvaise mais celle qui est compétitive. On l'avait dans les années 90, il s'est passé quoi? Bordel de merde...

KWAME: Donc oui, Black Milk sera bien le second invité de marque après Guilty Simpson, histoire d'aller jusqu'au bout du concept Detroit. Ils sont actuellement les deux meilleurs représentants de ce son. La suite logique du maxi ne pouvait etre que l'album, nous avons déjà quatorze titres en stock plus ou moins aboutis, il s'intitulera "The Movement". Tu sais, avec ce LP nous avions pour objectif de fédérer des artistes que nous estimons proche musicalement, comme Gea le dit souvent en France c'est chacun sa merde alors que le plus affligeant c'est que nous faisons la même musique, avons les mêmes inspirations, la plupart d'entre nous se cotoient mais aucune idée de projet en commun n'a jamais germé. Nous avons donc pris les devants et contacté a la fois des MC's comme Sly the Mic Buddah, Arken et Offmike (Jazzefiq), je tiens à préciser que certains MC's et beatmakers ont refusé en nous prenant de haut, leur calendrier etait surbooké (rires). Nous avons aussi fait appel aux beatmakers français de demain comme Green Flo, Dal Gren, Barrio Masta, Onra et Fulgeance mais aussi à des étrangers comme les hollandais de Slum Gullion, la new yorkaise Pursuit Grooves et Morgan Spacek pour un remix. Il fallait qu'on concretise cette effervescence musicale car elle existe réellement, en Europe ça grouille d'artistes bourrés de talents, les États-Unis n'ont plus le monopole du talent et nous tenons a le prouver avec cet album.

STEREOTREE: Doit-on s'attendre à un album plutôt "léger" niveau thématiques, d'après ce que tu nous dis?

KWAME: Il faudra vous attendre a un album majoritairement "léger" bien que nous ayons deux ou trois morceaux à "thèmes", bizarrement ce sont les tracks que nous avons enregistré en premier et ce sont ces mêmes morceaux qui ont crée le declic pour aborder des sujets plus légers et lâcher les flows. On s'était aperçu que l'on s'embourbait a nouveau dans la pression et l'envie de trop bien faire.

GEA: Attends, ce que tu réalises pas, c'est qu'en fait, c'est le meilleur compliment que tu puisses nous faire! Car niveau thématique et technique, frère, please décortiques les verses de chacun et tu vas comprendre. On la fait juste a la méthode cainri, c'est a dire la jouer facile, ne pas exagerer sur les phases comme pour montrer au gens qu'on sait rapper, mais naturellement. Nous le sommes thématiques et techniques, écoute les verses de Vestat et Kwame, merde, non mais je te jure !!! L'album çà va être que des bons moments on cherche a faire que des bangers, pas le time de baisser la température, faut que ça soit la merde dans les foyers! On cherche à créer une révolution!

STEREOTREE: Justement, je ne pense pas que "léger" doit signifier zéro thématiques ou zéro technique, au contraire. Mais il est clair que Vestat et Kwame aiment aborder des thématiques parfois lourdes (on l'a vu sur "Le bien ne fait pas de bruit"), et donc les auditeurs peuvent être surpris devant les thématiques comme celle de "Psycho (Guncheck)". Après, justement le souci d'un MC va être de trouver l'équilibre entre le fond et la forme, le thème et la vibe, et je voulais savoir où vous, vous en étiez par rapport à çà?

KWAME: En ce qui concerne le fond et la forme pour le projet D3, perso je voulais faire une rupture avec mon album et privilégier beaucoup plus la forme, ce qui m'intéresse le plus c'est que ça sonne! Mais on ne chasse pas le naturel aussi facilement, le bon exemple pour moi c'est "Psycho". J'aurai pu jouer le gangster de studio mais niveau crédibilité j'aurais frôlé le dessous de zéro! (rires) J'ai préféré entrer dans la peau d"un psychopathe et m'en servir comme prétexte pour écrire de manière plus violente, plus directe. Guilty le fait de manière naturelle et n'a d'ailleurs pas respecté le sujet du track et moi je l'ai calculé. L'équilibre entre le fond et la forme, je n'y pense pas, on suit la vibe des beats que l'on a sélectionné, le beat de Green dégageait une certaine urgence , nous avons décidé de développer un truc sur la pression, en écoutant la prod de Tayreeb qui etait tellement P-funk dans la vibe, nous sommes partis dans un délire club et ça a donné "Feel the funk". Pour D3, c'est la musique qui a déterminé les thèmes à développer et de ce fait l'équilibre entre le léger et la substance dans les sujets abordés.

STEREOTREE: Alors quelle sera le ratio anglais/français dans vos textes? Et concrètement qu'est ce que l'un et l'autre vous apportent au niveau du flow et du contenu?

GEA: Je parle pour moi, depuis toujours, je fais çà, çà m'est naturel, on me l'a reproché et on me le reproche toujours, mais, comment je m'en bas de ce que les gens pensent... Tu n'as pas idée! Beaucoup de gars le font moins peut-être mais si j'avais su parler japonais, espagnol ou toute autre langue, je l'aurais mis dans mon style çà tu peux me croire, je le fais même pas exprès. En plus, le fait qu'on s'attaque à l'international nous donne carte blanche, so let's go!!! (rires) Vu le support français, je pense que l'on peut se le permettre! (rires)

KWAME: Nous sommes partis sur une base de 4 tracks en anglais et le reste en français, c'est la condition sine qua none pour pouvoir intéresser un label ou distributeur étranger, ayant pleinement conscience qu'aucun label français ne sera intéressé par notre projet. Ecrire en anglais en ce qui me concerne change tous mes repères dans le sens où je cherche la punchline automatiquement en écrivant en anglais, en français je veux faire des belles phrases, écrire quoi! L'anglais sonne tellement, et puis une autre chose c'est que je peux beaucoup plus imposer ma voix en anglais, elle a tout de suite un coté plus "ruff" alors que je sais qu'elle a tendance à déranger en français, les voix graves n'ont pas la côte ici (rires). J'ai l'impression d'être quelqu'un d'autre dès que je rappe en anglais et j'adore cette sensation.

STEREOTREE: On l'a vu plus haut, D3CCPT c'est avant tout 3 MC's avec des univers différents. J'imagine que, concernant le côté performance, il existe une certaine émulation entre vous? Comment se traduit-elle concrètement? Et quelles conséquences a cette émulation sur votre façon d'écrire et de poser?

KWAME: Cette émulation entre nous a d'abord été une source de pression parce que nous voulions tous bien faire. Perso, travailler avec Gea et Vestat m'a été très instructif, dans le sens où j'ai beaucoup appris de par leur manière de travailler ou leur personnalité: Géa est la décontraction même avec ce grain de folie qui fait la différence artistiquement et Vestat a un talent d'écriture énorme associé a de la technique .Concrètement j'ai appris a être plus instinctif dans ma manière d'aborder un track, de "m'en foutre" un peu plus souvent sur la manière dont je vais écrire ou poser un track. J'avais une vision un peu trop carré du truc et ça se ressentait dans mon rap. Je peux compter sur leur franchise quand ce que je fais est mauvais, on ne se fait pas de cadeaux!

STEREOTREE: Alors, maintenant que la maxi est sorti, quels sont les prochaines échéances pour les membres de D3CCPT?

KWAME: Tout d'abord, on a un album presque fini, qui sortira sans doute pour Septembre/Octobre, mais il nous reste quelques tueries niveau beats sur lesquels on se doit de poser! En attendant, pour les plus impatients, on sortira sans doute quelques titres en guise de teaser, la forme de cette sortie restant à définir: maxi? téléchargement? A côté de ça, on a tous des projets solos qui nous prennent aussi du temps comme mon "Kwatroit", le "Ma Shit" de Gea, et Vestat a aussi quelques munitions en stock...

Interview réalisée par Rip Laimbeer

[Chronique] Guilty Simpson - Ode To The Ghetto (2008)


Genre: Hip Hop From the D
Label: Stones Throw
Date de sortie: 2008
Productions: Madlib, Black Milk, Jay Dee, Mr. Porter, Oh No, DJ Babu, Konnie Ross.
Featurings: /.



Après avoir bourlingué sa voix lourde et traînante sur quelques projets qui ont enflammé l'underground de ces dernières années (Jaylib, Dabrye, Chrome Children, ...), voici enfin venir le long format tant attendu de Guilty Simpson. Mais la naissance de cet "Ode To The Ghetto" ne s'est pas faite sans douleurs. Protégé de feu James Yancey, Guilty aurait du, dans l'absolu, sortir un album entièrement produit par un binôme J Dilla/Mr. Porter. La maladie ayant tragiquement emporté Jay Dee, ce premier solo du "beast", sera donc accompagné par la crème de Detroit et Oxnard, comme un énième prolongement de ce qu'avait instauré Jaylib.

Madlib ouvre donc l'album avec une prod tout droit sortie du Beat Konducta in India, pour un "American Dream" en guise d'introduction. On enchaîne avec ce "Robbery" au refrain simple et addictif, et à la prod lourde de Mr. Porter. Dès lors, le flow nonchalant mais puissant de Guilty s'impose à nos oreilles sur "She Won't Stay At Home", toujours produit par Madlib, qui n'est certes pas le meilleur beat d'Otis Jackson, mais qui convient parfaitement à Guilty Simpson...

Et là, l'album passe à la vitesse supérieure, sans prévenir. Oh No succède à son frère et offre à Guilty l'un des bangers de l'album, "Footwork", track complètement addictif et bien pensé. On l'avait remarqué sur le "Special" de Dabrye, le MC de Detroit est particulièrement à l'aise sur les prods à sonorités electroniques et il le prouve encore une fois. L'alchimie est parfaite et l'on tient là sans doute le track de l'album. A noter aussi la dernière minute du morceau, complètement instrumentale, qui est un véritable délice pour nos tympans. Mais Oh No n'a pas encore dévoilé toutes ses cartes et vient produire le morceau-titre, qui est un réellement un ode dédié au ghetto, où en l'espace de 3m30, Guilty nous fait goûter à l'asphalte crasseux de la Motor City.

Puis, deuxième banger et premier single, "Get Bitches" (dont le clip est visible sur Stereotree), avec de nouveau Mr. Porter aux machines. Là encore on tient une vraie réussite, où Simpson montre à la fois son potentiel à plus grande échelle et sa gouaille typique bien à lui, qui fait de lui un MC attachant au-delà de toute notion de technique ou de buzz. Et clairement, il apparaît comme un de ces MC's alliant attitude thug et mic skillz (Beanie Siegel, Raekwon, ...) le tout dans un décontraction totalement laidback. J Dilla pourrait être fier de celui en qui il plaçait de nombreux espoirs, lui qui produit le sympathique et entaînant "I Must Love You".

Peu de featurings sur cet album, Guilty désirant clairement s'imposer, lui qui a imposé son nom via d'indénombrables collabos de par le monde. On sera toutefois content de retrouver le toujours excellent MED sur "The Future" (avec évidemment Madlib à la prod.), titre efficace s'ouvrant sur un clin d'oeil au cousin de Guilty, Ronnie Brewer, joueur des Utah Jazz. Le beat est conquérant, et la combinaison nous ramène aux grandes heures de "Champion Sound". Ambiance qui continue sur le court "Pig" où Madlib propose un instru difficile mais adéquate au Detroiter. Puis, retour total à Detroit, où le toujours bon Black Milk nous offre deux tueries d'affilée, tout d'abord "My Moment", morceau de bravoure imparable, puis le très bon "Run" où avec Sean Price, les trois hommes dévoilent ce que pourra donner leur album commun qui pourrait sortir cet automne. Les fans du son Detroit seront aux anges sur ces titres, pas de doute.

On passera sur "Kinda Live" et "Ykes", sympathiques mais pas forcément géniales, pour s'attarder sur "The Real Me" (toujours Milk pour le beat), véritable profession de foi au refrain chanté hyper efficace. Track qui aurait sans doute gagné encore en étant placé en toute fin d'album, l'aftermathisant "Kill'Em" et le posse cut "Almighty Dreadnoughtz" n'étant pas particulièrement satisfaisants. Une fin d'album un peu décevante, donc, d'autant qu'on regrettera l'absence de tracks fabuleux comme le "Man's World" produit par Dilla ou encore l'énorme "The Beast" produit par Jake One.

En somme, Guilty Simpson nous a pondu un album solide, traversé de quelques explosions sous formes de bangers fatals. Il nous a ouvert à son univers ghetto fait de punchlines redoutables et de ce flow nonchalant quasi-monocorde mais si efficace et qui fait toute son originalité. Un album qui se consomme sur la longueur... Et encore une fois, la scène de Detroit nous prouve qu'elle a pris le relais de New York pour produire du son street de qualité avec des MC's charismatiques.

La suite? C'est donc un album commun avec Sean Price et Black Milk, forcément très attendu, sans doute encore quelques featurings bien placés et, pour nous, une interview exclusive bientôt en ligne... Let me see your footwork!!!

28/03/2008

[Clip] Accordez-moi ce slow...

Nouveau clip pour le représentant de Philadelphie Hezekiah, extrait de son excellent album sorti l'an dernier "I Predict A Riot". Il s'agit de "Let's Get Involved" featuring Jamal. Simple, sobre et plaisant. Enjoy!

27/03/2008

[News] 88 touches...

Le talentueux mais trop rare beatmaker 88 Keys (Mos Def, Blackstar, Musiq, J-Live, ...) remontre le bout de son nez. En effet, il annonce un album concept prévu pour le 24 Juin. "The Death Of Adam" invitera des artistes tel que Kanye West, Redman, Bilal, Shitake Monkey, Phonte, J*Davey et d'autres encore... Largement de quoi nous rendre impatients, connaissant qui plus est le talent du monsieur.

En attendant, vous pouvez toujours vous rendre ICI, et télécharger gratuitement "Platinum Dreams" un mix des artistes du label Decon (Dilated Peoples, Young Buck, Alchemist, Aceyalone, Jurassic 5, ...) mixé par 88 Keys lui-même. Il suffit de vous inscrire à leur newsletter.

25/03/2008

[News] Daru mixé par Marc Mac (4hero)

Jamais avare de bons beats comme on les aime, le beatmaker Daru (batteur de Slum Village, entre autres choses...) nous offre en téléchargement gratuit une compilation de ses oeuvres, le tout dirigé par le britannique Marc Mac de 4hero! Du tout bon en perspective, donc!

La tape s'appelle donc "Daru Spirit & Soul-Hop Sampler" Nos oreilles pourront se régaler avec notamment les présences de Reggie B, Kissey Asplund ou encore Ty. A noter aussi, la présence d'un remix inédit de "Turn It On" par Marc Mac lui-même. Bref, 24 morceaux méconnus mais de bonne facture, on va pas bouder notre plaisir! Merci Daru!

Pour se le procurer, rien de plus simple: il suffit d'aller ICI ou ICI! C'est légal et gratuit!!

23/03/2008

[Chronique] C.R.A.C. Knuckles (Ta'Raach & Blu) - The Piece Talks (2008)

Après le très sympathique Caltroit, voici encore une preuve de l'amour que se portent les scènes Hip Hop de L.A. et Detroit. Quand le MC Blu (remarqué sur ces bons projets avec Exile) et le beatmaker/MC Ta'Raach (un feutré et sensuel "The Fevers" sorti l'an dernier, une prod' réussie sur le dernier Badu) décident de collaborer sur tout un disque, ça donne le groupe C.R.A.C. Knuckles, et ça vient vous flatter l'ouïe juste comme il faut.

Forts d'un bon buzz underground chacun de leur côté, Blu & Ta'Raach démontre une complémentarité réelle et plaisante sur cette cinquantaine de minutes qu'offre "The Piece Talks". Ambiance smooth et groovy à souhait, les deux MC's posent de ci de là leurs flows laidback et leur voix facilement identifiables sur des morceaux qui ne respectent pas les formats et les carcans pré-établis. Allant d'une seule minute à presque cinq, les tracks de C.R.A.C. sont avant tout efficaces, même si l'on regrette parfois que certains ne durent pas plus longtemps.

L'album est aussi doté de ces interludes qui faisaient le charme des LP's hip hop des années 90, mais du coup, l'album est musicalement assez court et passe rapidement. Non sans plaisir, plusieurs morceaux étant même de très bonne facture, comme l'entraînant "Love Don't", le dangereux "Crachause" qui montre encore un fois le talent de Ta'Raach, le "peterockien" "Respect" ou encore l'excellent et déjanté "Bullet Through Me" featuring Shawn Jackson. Finalement, les deux hommes nous font traverser, par petites touches, un vaste spectre de ce qu'est et était la black music des trois dernières décennies. Et le voyage est en tout cas loin d'être déplaisant, même si l'on ne tient pas là le projet de l'année, ni le plus original.

Mais la vibe est là, cette réunion de deux artistes clairement kiffants est plus que bienvenue, et l'on aurait tort de bouder ce genre de projet! On attend donc la suite avec impatience pour les deux hommes, en duo comme en solo. A noter pour les plus impatients que plusieurs morceaux sont en téléchargement sur le Myspace de Ta'Raach, l'album sortant le 22 Avril.

[News] Ne tirez pas la chasse!

En attendant l'album du crew D3CCPT, Emer Gea, le MC/beatmaker franco-américain annonce son projet solo. "Ma Shit", puisque tel est le nom de l'album est prévu pour le mois de Mai. Album concept tel qu'on les faisait dans les 90's, on y retrouvera, hormis les sons de Gea lui-même, des beats fournis par des noms tel que Tayreeb, Sly Johnson (Saïan Supa Crew), Kap10 Zebon & Son-Tzü (Cube Form), Stanza, Bat XL, ou Vonz. De quoi espérer du lourd!

Niveau contenu on peut s'attendre à tout, Emer Gea étant l'un de ces MC's sans limite et sans langue de bois! Bref, de quoi nous rafraîchir les oreilles au sein d'un paysage rap français en pleine dépression! On vous en reparle très bientôt!

22/03/2008

[Clip] Can I Kick It?

L'ami Réel Carter revient nous combler de son positivisme communicatif avec le 2ème clip issu de son album "Contre Vents & Marées". Il s'agit du morceau "Tu Peux Le Faire", avec l'excellent Rony aux choeurs. Réalisation sobre et soignée, message fort, track efficace, que demande le peuple? Enjoy!


21/03/2008

[News] Sales gosses!

On avait déjà remarqué les Kidz In The Hall pour le 1er et bon album "School Was My Hustle". Le duo à l'ancienne (MC & DJ/Beatmaker) originaire de Chicago nous revient donc pour l'album de la confirmation, "The In Crowd: The Greatest Story Ever Told On Earth, In Life, and In Space", prévu le 13 Mai. Intronisés modèles pour la nouvelle collection de l'excellente marque 10Deep, Naledge et Double-O font clairement partie de cette nouvelle tendance de groupes "hype" (à l'instar de The Knux ou Cool Kids), qui apporte un brin d'air frais, finalement très early 90's...

Et pour cet album sophomore, les KITH se sont donné les moyens de faire du bruit avec une liste d'invités époustouflante. Jugez du peu: Phonte (Little Brother), Masta Ace, Pusha T (Clipse), Cool Kids, Bun B, Camp Lo, Estelle, Skyzoo, Black Milk, Guilty Simpson, Sean Price ou encore Buckshot (!!!). De quoi faire exploser les enceintes! On attend donc tout ça avec une réelle impatience!

[Clip] Ha, si j'etais riche...

Hop, c'est parti, le bolide Guilty Simpson est lancé! En attendant la chronique de son "Ode To The Ghetto" et une surprise le concernant très bientôt, voici donc le premier clip de son album. Et c'est le track "Get Riches" produit par le solide Mr. Porter. Turn it up!

20/03/2008

[Event] OneLighT @ Bliss Bar (Nice)

Que les niçois amateurs de friandises sonores soient avertis! L'ami OneLighT, éminent membre fondateur de Stereotree, mixe ce soir au Bliss Bar dans la belle ville de Nice. Vous retrouverez bien évidemment une sélection de tracks savoureux comme on les aime! Voilà, vous avez autre chose à faire ce soir que de mater la Nouvelle Star... Let's go!

19/03/2008

[Clip] Slam Dunk Contest

Le MC tout-terrain en provenance de Nancy nous fait son come-back! Après son album "Street Cradibility", de plutôt bonne facture, Rachid Wallas nous revient donc avec un nouveau track, accompagné d'un clip, qui plus est! Il s'agit de "Wall Of Fame" produit par les toujours solides Fratello Beatz.

Les aficionados de basketball y trouveront leur compte puisque vous pourrez voir en action des joueurs pro (SLUC Nancy), le Zianimal Kadour Ziani (Slam Nation) ou même George Eddy, LA voix de la NBA en France. Niveau son, les amateurs de Miami Bass et du 2 Live Crew devraient apprécier! Check it out!

[News] Ceci est un groupe de rap

Oyez, oyez, braves gens! Non, Tanya Morgan n'est pas une énième chanteuse de nu soul, mais bien un groupe de rap. Composé de Von Pea (déjà croisé sur l'excellent Foreign Exchange) et de
Ilyas et Donwill (qui forment le groupe Ilwil), ce combo avait déjà sorti un album de qualité en 2006 avec "Moonlighting".

Ils nous reviennent aujourd'hui avec une mixtape totalement gratuite, "Tanya Morgan Is A Rap Group". On y retrouvera donc de plutôt bons morceaux, essentiellement produits par le MC/beatmaker Von Pea, mais aussi par Khrysis, 88 Keys ou Eric Lau. Niveaux invités vocaux, on pourra entendre Naledge des Kidz In The Hall, Torae, Median et Kay pour les plus connus. Citons aussi un remix smooth du "Hello Brooklyn" de Jay-Z et Lil' Wayne.

Bref, le mieux est d'aller télécharger directement cet album pur se faire une idée. Le mieux pour celà est de vous rendre directement sur leur page Myspace! Enjoy!

18/03/2008

[Chronique] Dal-Gren - Cut Basic (2008)

Le rap français, c'est un peu comme un vieux pachyderme englué dans ses habitudes et les clichés qu'il a lui même créé. Alors quand un artiste comme Dal-Gren débarque et claque à la face du monde sa folie créatrice et son énergie décomplexée, on peut largement appeler çà un bol d'air frais. Le jeune beatmaker et MC, après un "Love Message" de très bon présage et un excellent track sur "The Big Payback" d'Onra & Byron, débarque donc avec son "Cut Basic", véritable grenade anti-chars.

Définir le style de Dal-G est une véritable gageure et, bien que l'on puisse ressentir l'influence de gens comme Dilla ou Madlib, c'est un style à part entière qui se dessine tout au long de cette petite vingtaine de morceaux. Lourd, frappant, grinçant, électronisant, rythmiquement vivifiant, le français étonne à chaque morceau, n'hésitant pas à balancer un gros banger entre deux tracks plus soulful. J'en veux pour preuve les beats de sons comme "Trop Loin", "Call The Police" ou encore "The Bachelor". Quand aux amateurs des formats à la "Donuts", ils se retrouveront avec bonheur dans des morceaux instrumentaux tels que "Brown Sugar", "Down" ou bien "Love Machine".

Mais à l'instar de tout grand beatmaker, Dal-Gren pose aussi sur ses propres sons. S'il ne le fait que sur quatre morceaux ici, c'est toutefois avec une totale réussite à chaque fois. Alors certes, Dal-G ne dit rien de très profond dans ses textes, mais il s'agit surtout ici d'ambiancer les tracks qui le nécessitent. C'est donc avec une certaine arrogance teintée de nonchalance mais aussi d'une vraie spontanéité que l'homme pose, rime, éructe, chante sur ses bangers.

"Trop Loin" est la meilleure démonstration des skillz de l'intéressé, où Dal-G annonce sans détours être clairement en avance sur tout le monde, et sachez-le: il n'a pas tort! "Teste pas l'feeling!". Le funky et electrique "Hairspray" nous fait groover, invités par les drops festifs du MC (qui pour le coup, en mérite le nom). Et on citera aussi le terrible "Where Is Your $" et ses bonnes vielles drums dopés par des sonorités electro redoutables, le tout dans une ambiance très "money & bitches". En bref, Dal-Gren c'est un peu Lil' Wayne qui poserait sur un son du "Ruff Draft" de Jay Dee.

Chaotique, rempli au taquet de beats décomplexés et de samples malins, "Cut Basic" nous renvoie finalement aux sources du Hip Hop, débarrassé de tous ses apparats. Cet album nous renvoie des senteurs jazz, soul, rock, funk, electro en évitant de s'inscrire dans les mouvances et les modes. On finirait vraiment par croire qu'il vient de l'an 3015! (Vous en doutiez?)

Reste à suivre de très près les sorties futures de Dal-Gren, qui collabore déjà avec plusieurs artistes, et dont on aura rapidement des nouvelles, soyez-en sûrs!

[News] Face B Fantôme...

L'un des rares guerriers du Wu-Tang Clan a encore proposer des galettes de qualité, Ghostface nous sort ce 25 Mars une nouvelle compilation garnie de faces B et autres inédits... Et ça s'appelle "The Wallabee Champ".

Tony Starks y croisera le fer avec d'illustres brigands tels que Raekwon, Method Man, Prodigy, Beanie Siegel, Jadakiss, Lil' Wayne ou encore Fat Joe. OK, c'est sympa, mais il sort quand cet album commun avec MF Doom, hein, sérieux?

[News] Hey Miss!

Le single des deux frangins de The Knux est enfin en vidéo, ça s'appelle "Cappuccino", et le clip est un gros clin d'oeil à De La Soul. Enjoy!

17/03/2008

[News] La formule secrète.

Après un "Chemistry" de bonne facture, Buckshot refait équipe avec le beatmaker de Caroline du Nord 9th Wonder. L'album, prévu pour le 29 Avril, s'intitulera "The Formula" et proposera, entre autres, un featuring de Talib Kweli et la présence de Charlie Murphy (oui, le frère de l'autre...).

On ne s'attend pas à une bombe atomique, mais Buckshot est une valeur sûre, et pour peu que 9th fasse un effort derrière ses machines, ce "Formula" pourrait s'avérer sympathique. En attendant, voici déjà le 1er clip, "Go All Out", avec donc Charlie Murphy pour les fans du Chapelle's Show.

[News] 2008 is Badu...

Non contente d'avoir sorti un album essentiel, Erykah Badu ne s'arrêtera certainement pas en si bon chemin puisque la chanteuse annonce d'ors et déjà la sortie de la deuxième partie de sa trilogie.

En effet, "New AmErykah Part 2 : Return Of The Ankh" sortira le 29 Juillet de cette année. Le CD aura l'originalité d'être inclus dans un magazine "lifestyle" dont le contenu sera personnellement dicté par Badu. Intriguant. Quand aux beatmakers présents sur ce deuxième volet, si l'on peut s'attendre à entendre 9th Wonder, nous n'en savons guère plus pour le moment...

On vous tient informés dès qu'on en apprend plus!

14/03/2008

[Chronique] Eric Lau - New Territories (2008)

Nous vous en parlions le mois dernier, alors préparez-vous, avec le premier album du remarqué et remarquable producteur anglais Eric Lau, à explorer des "New Territories", situés aux confins feutrés d'un Honk Kong bordé de fraiches riviéres, de montagnes et de vallées verdoyantes.

Situons cependant la chose avec fermeté, aucun excès d’audace musicale n’est à ici signaler, et on se retrouve avec une nu-soul moderne à tendance lounge, de très haute volée cependant. En effet, La première constatation que l’on peut émettre après une simple écoute, c’est que ce jeune beatmaker s’avère être un véritable orfèvre, délivrant des beats ciselés et épurés à l’extrême.
Alors, allongez-vous confortablement, et laissez-vous porter.

L’album commence par une introduction aérienne, où les drums ultra clappés épaulés par une basse à l’incroyable rondeur feront plus que jamais penser à la patte du défunt Jay Dee. Mais Eric Lau ne se complaît pas dans une vulgaire singerie du producteur de Detroit (un peu trop courante ces derniers temps), et le second titre, "I Don’t Do It To", vient nous démontrer cela avec grâce et un groove imparable. "Right Side", et son côté très "Spacekien", prouve ensuite que ce producteur possède une grande maîtrise du genre musical auquel il s’attaque, et sait varier ces productions.

La où on attendait une ambiance totalement fougueuse et galactique à outrance, ce "New Territories" nous emporte plutôt dans la douceur et le moelleux sonore. Et "Confession Lounge" pourrait être le parfait emblème de cette louable démarche. Ledit titre, soigneusement chanté par Rahel, frôle la perfection dans le genre, avec des drums totalement massifs adoucis par d’efficaces notes de piano.

Signalons plus tard les excellentes "Free it Out" et "Show Me", qui rappelleront la encore avec brio le groove intimiste et spatiale de Steve Spacek, ainsi que l’extrêmement réjouissante "Let it Out", encore une fois très bien chanté par Rahel, qui démontre brillamment que le style musicale auquel l’album tend ne rime pas nécessairement avec l’ennui et la mollesse.

Alors, malgré quelques défauts ça et là, et un léger manque de percussions sur certaines productions, dur de cacher sa satisfaction à l’écoute de cet album, qui enchaîne les titres de qualité calibrés et incroyablement bien maîtrisés, d'une durée dépassant d'ailleurs rarement les trois minutes (ce qui rendra justement le tout moins lassant). En rajoutant à cela la finesse du chant, assuré majoritairement par la famille artistique de Lau, à savoir Rahel, Sarina Leah et Meshach Brown.

On espèrera néanmoins que les velléités Hip Hop de ce talentueux beatmaker (déjà aperçues sur la terrible "For The D" en compagnie de Guilty Simpson, entre autres) viennent à se manifester plus en profondeur dans un prochain projet. et qu'il puisse nous montrer d'autres facettes de son talent. En somme, il reste de nombreux territoires à explorer pour Eric Lau.

11/03/2008

[Chronique] Erykah Badu - New AmErykah Part 1(4th World War) (2008)

La diva de la Nu-Soul a su se faire attendre, c'est le moins que l'on puisse dire. A l'heure où de nombreux et nouveaux talents émergent de par le globe (Muldrow, Muhsinah, Epps, Lockhart, ...) et où la concurrence directe peine à surprendre (album clairement décevant de Jill Scott), la reine Erykah Badu se devait d'abattre ses cartes. Voici donc venir, roulements de tambours à l'appui, ce "New AmErykah Part 1 (4th World War)", venu pour fleurir nos âmes...

Et ce n'est ni plus ni moins que le légendaire Roy Ayers qui entâme les hostilités avec "Amerykahn Promise", véritable brûlot funk suant les seventies! On est en plein dedans, Erykah endossant avec classe le rôle de la star de blaxploitation, poussant le délire jusqu'au boût, et dieu que c'est bon! S'en suit l'ode au Hip Hop nommé "The Healer" (grâcieuseté de Madlib), venant transcender les religions pour nous faire toucher le ciel via ce qui nous relie finalement tous (du moins ici): cette musique, cette culture... Le génial beatmaker d'Oxnard produit aussi le perché et calme "My People", aux ambiances tribales et salvatrices. De son côté, Karriem Riggins co-produit l'excellent "Soldier", très orienté hip hop et Dillaesque à souhait. L'âme de Jay Dee nous rend aussi visite sur le très soulquarian "Telephone", où Questlove et James Poyser viennent apporter toute leur musicalité pour un long et savoureux instant de soul.

Autres invités, les Sa-Ra séparent leur combo pour nous pondre plusieurs oeuvres scintillantes. Tout d'abord, Shafiq Husayn vient co-produire ce "Me" indubitablement soulquarian dans l'esprit et ainsi évidemment et éminemment réussi. Autres collaborations avec Husayn, le barré et pourtant très boom bap "The Cell", l'excellent "Twinkle" flirtant discrètement avec des sonorités electro bienvenues (Taz Arnold se rajoute ici) ou encore le très laidback "That Hump" où Husayn et Om'Mas Keith s'associent à Badu pour un track plus classique mais néanmoins complètement efficace. L'apogée de ce travail commun avec les Sa-Ra est la gemme "Master Teacher", où la chanteuse, accompagnée de Georgia Ann Muldrow (ainsi que Bilal et Ty & Kory aux choeurs), nous délivre un somptueux moment de pure nu soul pendant presque 7 minutes...

Mais si la forme de ce "New AmErykah" nous prouve, comme le titre l'indique, que madame Badu a su apporter un nouveau souffle à sa musique, le fond n'est également pas en reste. En effet, nous avons là un album emprunt de maturité et de conscience, à la fois sociale, politique, spirituelle et tout simplement humaine. Des thèmes comme le quotidien de la communauté afro-américaine, les fléaux que sont la drogue, la violence dans les ghettos, mais aussi l'ouragan Katrina et ses désastreuses conséquences sont abordés ici. La situation au Moyen-Orient est bien entendu évoquée, notamment en ce qui concerne l'occupation de l'Irak. Ainsi, Badu renoue avec ses racines, ses valeurs et du même coup avec celles de la Soul. La fleur est donc belle, mais aussi bardée d'épines pour qui ne saurait y prendre gare.

Cette 1ère partie est donc non seulement une réussite, mais aussi bien plus que ça, Badu a posé un véritable jalon à la fois pour la soul et pour la culture Hip Hop dans sa globalité. Elle a fait preuve d'audace en allant voir d'autres beatmakers, en se risquant et se livrant tout au long de ce voyage où morceau après morceau, elle parvient à la fois à embellir nos âmes et nourrir nos consciences.

Et quand on sait que ce joyau sera suivi sous peu de deux autres volumes (entamés par le sucré succès "Honey", produit par 9th Wonder, offert ici en guise de bonus track), on ne peut que se convertir séance tenante au Baduizm.

[Chronique] Fat Ray & Black Milk - The Set Up (2008)

Les habitués savent que, là-haut, dans les branchages du Stereotree, nous sommes particulièrement friands du son made in Detroit. Nous vous avions déjà évoqué "The Set Up" dans nos colonnes, voici donc logiquement la chronique complète de cet opus rassemblant les talents de Fat Ray et du "all-around player" Black Milk.

D'entrée de jeu, l'amateur éclairé de son "raw" façon Motor City s'y retrouvera complètement, pas de suspense là-dessus. Les deux larrons nous délivrent un son brut et lourd, viril et suintant le goudron. De ce genre de son qui vous donne une envie irrépressible de hocher la nuque violemment, quitte à passer pour malade aux yeux des passants. Black Milk n'est pas venu épauler Fat Ray seulement pour mettre son nom sur la cover, mais bien pour tirer banger sur banger, ses caisses de munitions ne semblant jamais se vider réellement...

Lyricalement, on connait déjà l'habileté et le flow de Milk, on mettra donc l'accent sur le gros Ray, qui possède lui aussi d'évidents "skillz" en la matière. Histoire de parfaire l'affaire, on retrouvera avec un plaisir non feint Phat Kat et Elzhi (formant prochainement un duo nommé Cold Steel) sur l'excellent "The Focus", le toujours énorme Guilty Simpson sur l'imparable et viril "Bad Man" (et son terrible hook façon dancefloor entonné par Scorpion), ou encore le poulain de Milk, j'ai nommé Nametag, sur le massif "Lookout". Les autres tracks sont en duo, ce dernier fonctionnant parfaitement, la gouaille et la présence de Ray se mariant efficacement à l'indéniable talent (derrière le micro ET les machines) de Milk.

On citera aussi l'énervé "Not U" avec son sample de guitare électrique très "BR Gunnaz", le "Ruff Draftien" "When It Goes Down", l'efficace "Take Control" featuring AB aux choeurs, ou encore le conquérant bien que lassant "Nothing To Hide" au rang des titres sortant du lot. La qualité générale de cet opus pourtant sorti sans battages est clairement au dessus de la moyenne et viendra nourrir toutes les Detroit heads en quête de beats fleurant bon l'asphalte. D'autant que ce mois-ci, l'ami Guilty Simpson nous sort son "Ode To The Ghetto", chroniqué très prochainement...

07/03/2008

[News] Occupés!

Deuxième extrait de The Roots, deuxième visite chez le kiné pour cause de cervicales brisées...

Le band de Philly nous balance donc un énorme "Get Busy", cette fois-ci accompagné des trois dignes représentants de la cité de l'amour fraternel. En effet, l'emblématique Jazzy Jeff, le trop discret Dice Raw et l'excellent Peedi Peedi viennent bénir ce nouveau track de leur présence.

Au vu des deux premeirs extraits, on peut s'attendre à un album brut, où ?uestlove semble plus massif que jamais et où Black Thought affiche une verve et une véhémence bienvenue! Check this out...

06/03/2008

[Chronique] Muhsinah - Daybreak (2008)

Le nom, la voix, la production, tout ici pourrait faire penser à un nouvel alias de la chanteuse Georgia Ann Muldrow. Mais il n’en rien, car oui Muhsinah est bel et bien une chanteuse/Beatmakeuse à part entière. Et son premier album, "Day.Break", s’apparente clairement comme une des incontestables révélations soul de l’année.

La jeune femme, originaire de Washington, nous transporte ici dans un monde aux couleurs printanières et psychédéliques. Le style est tout à fait "Muldrowesque" donc, et les apparentes dissonances couplées aux vertigineuses envolées vocales faussement maladroites charment immédiatement, autant qu’elles peuvent d’ailleurs rebuter.

"Day.Break" est un véritable voyage musicale dans l’esprit hautement perché d’une jeune musicienne soucieuse de mélanger les genres et libre d’expérimenter à sa guise (les effets de distorsions vocales et de revers étant ici très présents), poussant la Nu-Soul dans des terrains plus que bienvenus.

Chevauchant parfois le hip hop avec brio (avec l'excellente "Discovery" et ses drums à la Jay Dee, qui fascine par sa profondeur), ou allant dans l’expérimentation totale, comme sur l’assez incroyable "Million Siz" et son beat en revers hanté par d’étranges violons, notre demoiselle ose et séduit complètement.

On citera avec une certaine excitation des morceaux comme la sublimissime"Only & Always", aux sonorités gracieuses et aériennes évoquant un vieux film Noir & Blanc, la douce et enivrante "One Again" ou la percutante "Netknot" (que vous pourrez écouter dans notre playlist), qui démontre qu’expérimentation ne rime pas forcément avec mollesse.

On se laisse au final très volontiers embarquer dans l’univers envoûtant et atypique de la jeune Muhsinah, qui signe avec ce "Day.Break" une œuvre courte mais intense, à la fois perchée, charmante et inventive.

Signalons à l’occasion que l’album est fraîchement ressorti, agrémenté de quelques bonus tracks, sous le nom de "Day.Break.02". Dope!

05/03/2008

[Chronique] Mighty Joseph - Empire State (2008)

Il est établi que le Hip Hop que vomissent actuellement les entrailles de la Grosse Pomme ne satisfait que trop peu souvent les amateurs de son East Coast. Et si Pete Rock vient étancher notre soif malgré un album plutôt mi-figue mi-raisin, les bonnes sorties se font rare dans les cinq borrows. Alors quand l'ex-Cannibal Ox Vast Aire, accompagné de son partenaire Karniege aka Karnage nous arrive sous le nom de Mighty Joseph, on se met à croire au messie...

Trève de billevesées prophétiques, attelons-nous à ce "Empire State", littéralement dédié à cette bonne vieille ville de New York. Avant toute chose, on a là à faire avec deux vrais MC's, avec toutefois un large avantage à Vast Aire qui possède toujours ce flow et ce charisme vocal qui ont bâti sa réputation. Pas de doute, les deux bonhommes viennent pour manger le mic! Invités au festin, nous pourrons donc croiser dans les méandres de ce New York sonore des personnages tels que Vordul Mega (les nostalgiques de Can Ox seront aux anges), Murs, Poison Pen ou les plus confidentiels Genesis, Double AB, Access Immortal et Swave Sevah. Satisfaction garantie.

Niveau beats, "Empire State" se situe clairement dans une veine boom bap sombre et dense, de celle qui nous emmène dans un Gotham City fantasmé où le Joker porterait des Tim's et un Tee siglé d'un "Who shots Biggie?"... Les Mighty Joseph n'ont pas laissé de place au hasard en conviant le toujours barré et particulièrement adéquat Madlib (un "Legend" monumental), le talentueux J-Zone ou les imposants et légendaires Beatminerz, Karniege assurant aussi sa part derrière les machines. Au final, si tous les sons ne sont pas des mastodontes, on a là une vraie cohérence sonore et l'écoute se révèle un vraie plaisir pour le B-Boy en mal de sensation.

L'ensemble étant très homogène, il est difficile d'en ressortir un track en particulier, même si "Kids [NYC]", "Rock-It-Science" ou encore "Blood Sport" featuring Vordul Mega méritent le détour pour leurs ambiances particulières. Le très lourd posse cut "Pandora's Box" vaut son pesant de cacahuètes, pas de doute, et on insistera sur le terrible "Legend" qui fera se noyer dans l'Hudson le moindre imposteur qui se risquerait à croiser le chemin de Mighty Joseph.

Bref, lachez la bête de l'Est, gare au gorille, le rap de N.Y. est toujours vivant, en voici la preuve! On attend la suite du côté de Vast Aire, avec un éventuel LP courant de cette année, épaulé par des beatmakers comme Pete Rock, les Beatminerz ou Oh No. Wait & see...

01/03/2008

[News] 75 rimes, le chargeur est surchargé...

Bon, c'est la semaine des clips, tant mieux pour nos yeux et nos oreilles, me direz-vous...

Alors voici donc le 1er extrait du prochain album ("Rising Down") de The Roots, "75 Bars (Black's Reconstruction)", qui est un véritable missile pour les cervicales, je vous laisse apprécier sans plus tarder...




Quand à nous, on vous retrouve lundi pour des chroniques toutes fraîches (Erykah Badu, Fat Ray, Guilty Simpson, Muhsinah et j'en passe!), Peace!