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29/05/2011

[Interview] K?m.f aka Kim Walt - L'étrange odyssée

Échappé du duo bionique Metal Ninja, qu’il forme aux côtés de l’insaisissable Walter Mecca, le non moins mystérieux K?m.f (aussi connu sous le nom de Kim Walt) se livre via "Loser’s Quest", un premier et remarquable LP sous forme de quête musicalo-cosmique entre Funk Lo-Fi et Hip Hop instrumentale. Tout en réhabilitant au passage la bonne vieille VHS. Ce producteur multi-instrumentiste a ainsi accepté de grimper dans nos branchages le temps d'une interview. Rencontre:


STEREOTREE : Salut, Kim ! Tout d’abord, je vais te demander de te présenter, si tu le veux bien.

K?M.F : Ok, donc mon blaze c’est K?m.f. et je fais du son depuis près de 10 ans maintenant et je suis originaire de la planète terre…

STEREOTREE : Tu sors donc ton premier album, "Loser’s Quest" via le label Weirdata, et sous la forme fort peu orthodoxe d’une VHS accompagnée d’une clé USB. Est-ce que tu pourrais justement nous expliquer cette démarche ?

K?M.F : Yep, alors pour la petite histoire, Walter Mecca et moi-même sommes addict des Z movies et donc pour trouver des raretés non rééditées en DVD, la VHS reste le support incontournable ! Comme le principe du crate diggin’ de vinyles, on a accumulé des milliers de K7 vidéo… ce qui fait qu’avec le temps, en bon nerd, tu deviens fétichiste : jaquettes, taille du boitier, couleur de la K7… Donc sans même réfléchir à un concept commercial, c’était complètement naturel de réhabiliter la VHS, à l’ère du tout numérique et du HD, la VHS est le parfait contre-pied. Un véritable objet avec du visuel, de l’image et du son ! La VHS a une âme… Rappelez vous, cette compression naturelle qui rend le son sourd, et aussi l’image et les couleurs qui changent avec le temps!
Bref ça nous tient à cœur aussi pour des raisons nostalgiques, c’est un retour à l’enfance et à ses souvenirs de vidéo club où il avait des centaines de jaquettes de films étranges que tu rêvais de mater mais qui étaient bannis par le contrôle parental! Sinon le tout accompagné d’une clé USB avec l’album plus la vidéo, parce que pas mal de magnétoscopes sont partis à la casse…et aussi pour ne pas être trop désuet ! (rires)


STEREOTREE : Le titre de ton album me parait assez évocateur à plusieurs niveaux, est-ce que tu pourrais nous expliquer exactement ce qui se cache derrière ?

K?M.F : En effet, plusieurs lectures de ce titre, c’est bien sur un clin d’œil à cette culture Z movies qui fait la part belle au non sens et à la dérision. Mais c’est aussi une remise en question de la notion de réussite, dans le sens ou cet album est libre de toutes concessions commerciales. Il n’a donc certainement pas tous les critères requis pour péter le score mais il est en adéquation avec ce que j’avais en tête à cette période, aucun son n’a été fait en me disant: "là il faudrait que ça sonne comme ça parce que c’est la hype du moment!". Donc ce vent de liberté, et la sincérité qui plane sur l’album, sont déjà pour moi une réussite en soi, peu importe l’issue commerciale du projet. Enfin la "Loser’s Quest" c’est cette quête ardue qui consiste à concrétiser la musique telle qu’on l’imagine dans sa tête… un but inatteignable mais moteur de créativité et de progression personnelle.

STEREOTREE : Tu travailles principalement avec des instruments, pour un rendu entre le Funk Lo-Fi et le beat Hip Hop aventureux, si je me puis me permettre quelques qualificatifs. Mais comment est-ce que tu travailles exactement ? Et est-ce que tu as prévu de transposer tout ça en live ?

K?M.F : A l’image de mon son, le processus de création d’un son est vraiment aléatoire et chaotique! L’idée peut partir d’un beat, d’un sample, comme d’une ligne de basse ou de guitare, ou de quelques notes de synthé… Ensuite, je brode sur la base en essayant de conserver au maximum un esprit live avec ses moments de grâce et ses imperfections, ce qui donne un côté sincère et progressif du son. Sinon concrètement, j’utilise principalement du hardware… MPC, boites à rythmes, synthés, basse, guitare, batterie, racks d’effets, table de mix analogique… J’ai toujours un peu de mal à me faire à tous ces softs même si j’apprécie et reconnais leurs qualité. J’aime privilégier l’objet en bon fétichiste que je suis, même si c’est vrai qu’au niveau du gain de place la situation devient critique à la baraque.
Sinon pour le live, je n’ai encore trouvé la config optimum. Pour l’ instant je balance des séquences via mon ordinateur et joue de la guitare ou du synthé live par-dessus. L’idéal c’est le live band, et dans l’équipe Weirdata il y a des musiciens dope (Walter, Kirikoo Des, Hisham, Sidy…) mais c’est du temps, de l’organisation, donc on travaille ça tranquillement.

STEREOTREE : Tu développes également un univers visuel assez singulier, de part tes clips notamment. Considères tu que le visuel fait et doit faire partie intégrante de ta musique?

K?M.F : Je pense qu’en effet c’est un plus pour véhiculer l’esprit de ce son plutôt abstrait… par ailleurs ma musique étant très influencée par la musique de film, il s’opère un lien direct avec le visuel. L’image aide à faire ressentir tes intentions sans grand discours.

STEREOTREE : Par ailleurs, il y a très peu de guests sur ton LP, hormis l’inénarrable Dal-Gren alias Walter Mecca, avec qui tu formes Metal Ninja. C’était important pour toi que le français sonne un peu dans ce Loser’s Quest ?

K?M.F : Loser’s Quest, c’est du home made, fait en famille. Et le fait que le français soit présent sur l’album s’est fait de manière hypra naturelle et non réfléchie, mais ça me parait légitime après tout! Déjà, pratiquement tous les tracks ont des titres anglais, donc c’est cool que Dal-G fasse swinguer la langue de Molière de manière insolite et avec du swag.

STEREOTREE : Toi qui a tout fraichement migré en terre nippone, que penses-tu justement de la scène française en générale à l’heure actuelle, vue de l’extérieur ?

K?M.F : A vrai dire, je dois t’avouer que je suis plutôt heureux de m’être exilé sur mon île japonaise et de ne plus avoir à faire face aux hostilités et à la compétition du microcosme musical parisien.
Quant à la scène française, je suis partagé… je connais plein de rappers, beatmakers, musiciens talentueux qui boxent sévères mais qui n’ont aucune exposition du fait qu’en France, les structures (radios, labels, presse…) qui prennent de vrais risques artistiques sont pratiquement inexistantes, ou ont très peu de moyen de se faire entendre. Les quelques labels français qui ont du poids à l’international et qui sont susceptibles de pousser les plus talentueux, reste dans cette logique de réseaux, de copinage et de cercle social…
Après il est vrai que cette logique tribale est humaine et ne s applique pas uniquement à la France, mais j’ ai vraiment l’ impression qu’elle est bien plus marquée chez nous, à la différence de la Grande Bretagne, du Japon, de l’Allemagne ou des pays Scandinaves qui viennent drafter les frenchies qui ont le plus de buzz.
En même temps ça a du bon, ça pousse à l’indépendance! Les artistes ne comptent que plus que sur eux-mêmes et peuvent se permettre d’être singulier, hors format et radical dans leur démarche. Le problème majeur de tout ça étant la promotion, l’exposition et le relai de l’information.

STEREOTREE : Cette année, on voit que pas mal de groupes acquièrent un certains succès avec un son également très lo-fi, à l’image de Tyler The Creator ou James Pants. Qu’est ce que cela t’inspire ?

K?M.F : Mmm… en fait ce son lo-fi correspond juste à un grain musical, une couleur que l’ on veut donner à ces prods, parce qu’il est en adéquation avec la direction musicale. Personnellement, ce qui prime quand j’écoute du son, qu’il soit lo-fi ou clean et classieux, c’est l’intention et l’authenticité que l’on transmet au travers de sa musique. Maintenant la démarche d’un Tyler The Creator est plutôt maline: le fait de mélanger ce son crade et dark avec ce côté hipster permettra peut-être aux kids en mal de sensations fortes de s’initier aux joies d’un son moins aseptisé.

STEREOTREE : Comment vois-tu la suite des événements pour toi, quels sont tes autres projets à venir ?

K?M.F : Quoi qu’il arrive on lâche pas l’ affaire, donc la suite c’est certainement encore et toujours de la collab’ sur le prochain album de Dal-G qui va cogner sec, le deuxième album de Metal Ninja qui va prendre un virage musical surprenant, un nouvel album solo, et des collabs avec des artistes français et japonais à venir…

STEREOTREE : Tu aurais un petit mot, pour conclure ?

K?M.F : Shout out à la Famille Weirdata ! Même si le site www.weirdata.com connaît quelques soucis en ce moment, il est toujours accessible via ce lien : http://199.16.130.86/~weirdata/ .Tenez vous informés, il s’y passe de vraies choses! Support the independant! Et bien sûr merci à vous, Stereotree.

Interview réalisée par Onelight. Photos par Keykoworld.

1 commentaire:

G. a dit…

Go On Ninja !